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Immensité uniforme, mouvement infini de la houle

Le désert serait-il bleu ? Le miroir des eaux, quel coté refléchit-il ?

 A la portée de l'immensité nous sommes minuscules et soumis au mystère

 

Voyage en Mare Incognita

Du Portugal à la Martinique  une traversée de l'Océan Atlantique

10 octobre - 11décembre 2015

La Mer, source de toute vie, couvre plus de 70% de la planète.

 

Ses  kilomètres de profondeur abritent les créatures

les plus fantastiques.

 

Immense et changeante elle est un autre monde.

 

Nous y embarquons à 5 sur un voilier de 9 mètres.

 

 Un capitaine expérimenté et 4 coéquipiers débutants !

Aucun de nous n'a  jamais traversé l'Atlantique cette immense masse bleue au milieu du planisphère.

 

une transat en chiffres

 

4 000 miles nautiques

40 jours de navigation - 25 jours d'escale

 

voilier de 9 mètres - 5 personnes

âges : 24 à 30 ans

 

4 à 5 nœuds de vitesse moyenne

pétole  (aucun vent et mer d’huile) à 27 nœuds de vent

= force  1 à 6 en échelle Beaufort

300 l de gazole

 

700 litres d'eau douce  

3 petites bouteilles de gaz de cuisine

8kg de patates - 7kg riz - 25kg patates et patates douces - 100 oeufs - 7 litres de crème fraiche liquide - 10 kg farine...

25 degrès celsius

0 frigo alors peu de fuits et légumes 

Captain Morgan :

voilier Benetto First 300 Spirit de 1996 

30 pieds de long (8,95m) 

3 tonnes dont 1 dans la quille

1,80m de tirant d'eau

mât traversant de 14m 

bateau blanc, bleu, fin et ardent...

Merci !

 

 

Le bateau

La vie en mer

 

Toujours sur la planète mais plus sur la terre.

La vie est semblable et incomparable.

 

L'horizon se dévoile à 360 degrès... toujours.

Rien ne bouche la vue, ni arbres ni immeubles le regard porte jusqu'à se perdre et ce pour l’éternité.

 

Nous cotoyons l’immensité... enfermés sur 9m de long.

Par temps clair on voit à plusieurs miles à la ronde la mer sans limite et sans fin, toujours semblable et toujours différente.

Un désert ? Elle est pourtant si pleine de vie dessous,

de l’autre coté du miroir.

 

 

 

 

Le mouvement est perpétuel

 

Tenir la barre, régler les voiles mais aussi manger, marcher, dormir, écrire, cuisiner,  se laver les dents... réaprendre le quotidien en prenant en compte le mouvement. Inventivité et équilibre entrent en scène !

Au début on se cogne, puis le rythme fluctuant des vagues, tantot langoureux tantot nerveux, nous entre dans le corps.

 

La gite nous habite nous cessons de subir la houle pour la ressentir.

Elle  fait songer au lent balancement des mères premières bercant leurs bébés de leur marche infinie de nomades. Le mouvement qui nous apaiserait tous.

 

La Mer, grande matrice parfois nous berce… et parfois nous malmène.

Le bateau tangue et roule, chocs violents contre l'eau, les vagues furieuses nous ballotent, nous poursuivent hautes parfois  de plusieurs mètres… tenir la barre, tenir debout et même rester assis devient sportif.

A la barre ne pas lutter contres les vagues, anticiper et suivre leur mouvement pour profiter de leur force.

Un état de conscience différent, les élements nous enserrent de leur colère il faut rester calme et réactif... que faire d’autre ?

             LES ALIZEES

 

Les alizées sont un vent régulier des régions intertropicales. Le terme latin "alis" définit le caractère "lisse, poli et délicat" de ces vents.

 Soufflant du nord-est vers le sud-ouest, dans l'hémisphère nord et du sud-est vers le nord-ouest dans l'hémisphère sud ils permettent aux navigateurs de rallier les Amériques depuis le 15ème siècle.

 

Aujourd'hui, de novembre à mars, de très nombreux voiliers franchissent ainsi l'Atlantique, le plus souvent des Canaries ou Cap Vert jusqu'aux Antilles et côtes brésiliennes.

Les alizées permettent en général une traversée en vent arrière et grand largue réguliers... mais rien n'est jamais certain !

Il n'y a pas deux traversées similiaires !

 

 

 

Un mile = 1852 mètres

Un nœud = 1 mile /heure

= 1852m/heure

Un pied = 0,305 m

Les poissons volent  !

Quand aux  oiseaux ils boivent l'eau salée et plongent dans les flots !

Les eaux qui semblent barrière entre les élements seraient-ils portes ?

 

Les poissons volants surgissent des eaux pour échapper à leurs poursuivants et y replongent, plus ou moins brusquement, des dizaines de mètres plus loin ! Nageant en banc ils volent parfois seuls parfois en nuée virevoltante. Au matin certains sont échoués sur le pont nous les observons à loisir : fins et longs, blancs et arc en ciel. Leurs ailes sont un nouveau chef d'oeuvre de Dame Nature !

 

 

 

 

 

 

  Juste avant les iles canaries le bateau devient volière : une dizaine de petits oiseaux poussés au large par les vents, s'abriteront une nuit avec nous !

   Fous de bassan blancs et orangés. Fins, gracieux ce sont les plus grands oiseaux de l'atlantique nord.

   Efficaces les puffins des anglais aux ailes raides rasent l'eau à grande vitesse.

   Les océanite tempête sont telles des hirondelles courant sur l'eau. Ces tout petits oiseaux qui portent bien leur nom virevoltent et bifurquent à une vitesse étonnante !

   Quand aux sternes pierregarin blanches et élegantes elles volent haut et plongent en piqué !

   Une seule fois, le grand labbe gris moucheté. Pirate il ne chasse pas mais s'empare de la nourriture des autres.

 

Les dauphins magnifiques et fluides créatures marines nous feront plusieurs fois l’honneur d’un bout de route commun.

Ces cétacés dont les ancêtres sortis des mers y sont ensuite retournés munis de poumons, utiliseraient un plus grand pourcentage de leur cerveau que les humains.

Jeu, plaisir amoureux, langage, géolocalisation… caractérisent entre autres ces animaux anthracites et gracieux !

La nuit nous voguons dans l'espace infiniment reflété sur les eaux. 

En éloignant le regard nous nous apercevons : 

minuscule voile blanche voguant sans bruit sous les étoiles.

Silence, éternité, beauté, nous voyageons dans l’univers.

 

La Lune nous montrera son plus fin croissant. Elle grandira jusqu'à l'absolue rondeur, sa lumière laiteuse baignant le cosmos et le miroir des eaux.

Puis elle rétrécie laissant chaque nuit un peu plus de place aux étoiles.

La polaire et la croix du sud se font face.

Les étoiles filantes égayent la lente danse des astres.

 

Les nuits sans lune, les noctilques rajoutent des étoiles sur les flots.              Ils en font un tapis magique, une mousse étoilée.

Ces micro-planctons bioluminescents créent de la lumière au choc de l’eau contre la coque. Croyant à des crustacés, ils s’illuminent  lorsque l’eau s’agite afin d’attirer des poissons mangeurs de leurs prédateurs.

 

Aube et crépuscule projettent leurs couleurs tous azimuts ! Le ciel entier s’emplit de jaunes aux pourpres, on croit voir des rayons bleus tant le ciel est chargé de couleurs. 

   On attribue souvent à Socrate la phrase suivante :

 

"Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts et ceux qui prennent la Mer"

 

Et en effet toutes les mythologies ont consacré la Mer comme matrice mais aussi

 passage, monde entre deux mondes.

 

 

Quelques mots d'hommes qui ont pris la Mer :

Mon bateau ?

 

"C'est un compagnon protecteur"

 

"C'est mon ami, vraiment"

 

"Mon bateau est mon enfant, mon bébé."

 

 

Si la Mer était une émotion ?

 

"La sérenité"

 

"Le bonheur : en plein milieu chaque bouffée d'air est pur, je m'en rends compte"

 

"La liberté... incontrolable, libre de faire ce qui lui plait"

 

Que représente la Mer ?

 

"La Mer c'est l'évasion, l'aventure, le voyage "

 

"2/3 du globe, le complément de l'écosystème, c'est la Vie. Sans elle on ne serait pas la "

 

"La mer représente une autre étendue naturelle sur laquelle on peut circuler pour voyager à travers le monde. On peut jouer comme faire skate ou du rollers sur la route."

 

 

Si la Mer était un animal ?

 

"Une baleine, en tempête c'est comme être en son ventre, elle nous absorbe"

 

"Un lion, calme il est beau ...mais on sait qu'il peut déchiqueter une proie"

 

"Une baleine... car elles sont toutes les deux gigantesques, libres et stupéfiantes"

Pourquoi navigues tu ?

 

"Je ne peux pas l'expliquer.. Il y a des moments durs mais j'ai toujours envie d'y retourner. Me mesurer aux éléments"

 

"J'aime l'aventure.. La navigation est dans mes gènes

je suis comme programmé pour cette mission"

 

"Je navigue car c'est quelque chose qui me plait de circuler. J'ai mon permis voiture, motos, poids lourd. Mais naviguer c'est la chose la plus attrayante !" 

 

SARGASSES

En quittant le Cap Vert l’écume blanche se trouve mêlée à des taches brunes qui se multiplient jusqu'à devenir de véritables ilots et trainées de plusieurs kilomètres : les algues sargasses.

Algues pélagiques elles grandissent et se reproduisent au large.

C. Colomb avait rencontré la mer des sargasses, une zone au nord des Antilles, calme, sans vent ni vagues où il nota l'abondance de végétaux en surface. Mais aujourd’hui ces algues se rencontrent bien plus au sud et depuis 2011 s’échouent en masse sur les plages des Antillles.

Leur alarmante prolifération serait due à la déforestation de la mangrove dans les embouchures de l’Amazone et de l’Orénoque. La mangrove réduite ne filtre plus les eaux des phosphates et nitrates accumulés par ces fleuves le long de sols surexploités. Les eaux se jetant dans la mer sont donc gorgées de nutriments favorisant une croissance et reproduction inquiétante des sargasses…

En mer elles troublent le bleu et piègent des poissons. Sur les plages les centaines de tonnes qui s’y échouent perturbent les écosystèmes : gazs toxiques, réduction des zones de ponte des tortues, coraux privés de lumières, poissons capturés…

 

Pour en savoir plus : http://www.guadeloupe-parcnational.fr/?Sargasses-causes-et-consequences

http://www.terraeco.net/Qui-ces-sargasses-qui-sifflent-sur,60325.html

LES ESCALES

Arriver par l’eau, repartir par l’eau…

 

Etranges rencontres que celles de ces côtes, où nous débarquons sans en rien connaitre, pour quelques jours euphoriques de terre ferme retrouvée...

 

 

A Casablanca où nous sommes contraints de nous abriter d’une tempête, nous savourons un hammam brulant et les ruelles tortueuses d’une medina riche en couleurs et saveurs.

 

 

Aux Canaries étonnante palette de couleurs : sable noir, dunes rouge, lacs verts… La volcanique Lanzarote nous abrite quelques jours. Sur cette ile noire les humains habitent des villes blanches au bord de l'eau bleue.

 

La mini transat y est aussi en escale. Mini car elle regroupe les plus petits des bateaux de course : monocoques de 6,50m de long, 3 m de large et une cabine des plus exigües. Le total ne pèse pas beaucoup plus qu’une vache !

Une cinquantaine de ces bateaux s’apprêtent à franchir l’Atlantique en solitaire et sans assistance extérieure. Ambiance sur les pontons !

 

 

Au Cap Vert les iles au vent au slogan de « no stress ». Musique des compatriotes de Cesaria Evora et plage translucide à Mindelo.  Ecrin de verdure à la multitude de terrasses nourricières sur Santo Antao… Un peuple physiquement gracieux et une cadence chaloupée complètent la douceur de ces iles tropicales !

Lire en bateau...

et échanger sur les pontons

 

La Longue route, Bernard Moitessier, Arthaud, 1971

Ce « vagabond des mers du sud » est rendu célèbre par sa décision de ne pas franchir en vainqueur la ligne d’arrivée d’un tour du monde en solitaire et sans escale…pour continuer à naviguer plusieurs mois !

Le grand départ et la vie sur l’eau, par Michka

avec des illustrations de Frederic Pinard, Albin Michel, 1977

Bel ouvrage illustré relatant la construction de son bateau et la vie sur l’eau de Michka professeur parisienne decidant de son "grand" départ : recettes, reflexions, anecdotes, rencontres, astuces de navigation, souvenirs...

un véritable manuel de savoir vivre… libre et sur l’eau !

 

250 réponses aux questions du marin curieux, éditions du Gerfant, 2004

Une mine d’infos pour savoir ce que sont les noctiluques, où vont les tortues, pourquoi l’eau est salée, les différents types de bateaux dans le temps et les civilisations, comment les oiseaux marins boivent, où est arrivé christophe colomb, la navigation par les étoiles, les portes containers….

 

 

Webographie :

 

Trouver un bateau :

www.bourseauxequipiers.com

www.cobaturage.fr

 

Tout sur la navigation

http://www.banik.org/


Crowdsourfing

si vous naviguez envoyez vos photos d’oiseaux et cetacés à :

lpo@lpo.fr

l'association fait partie d'une fédération de mouvements visant à repertorier et suivre en douceur (sans la violence de pose d’une sonde)  et collectivement les animaux marins.

Texte: Tisseurs de Songes

Photos: Tisseurs de Songes y Breizhtrotteurs

Merci aux interviewés : Henri, Mohamed, Morgan

Notre Capitaine vous propose maintenant des sorties en mer autour de la Martinique:

+ info Capitain Morgan

 

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